Readers' Submissions in French June 9th, 2007

Épouser une entraîneuse ?

Épouser une entraîneuse ?

Combien de fois avez-vous entendu ces histoires qui tournent mal d’hommes qui viennent en Thaïlande, tombent amoureux d’une entraîneuse et se marient avec ? Il y a peut-être quelques rares mariages heureux. Mais en toute honnêteté,
je ne peux pas dire en avoir entendu parler d’un seul, quoique certains prétendent. Voici l’histoire de Wally qui a épousé un parfait spécimen de cette corporation.

Peu après que je sois arrivé en Thaïlande j’ai monté une école d’Anglais et j’ai commencé à recruter des professeurs. Wally se présenta pour un entretien avec son ami Charley. Ils n’aient
aucune expérience de l’enseignement, mais ce n’était pas un problème. En ce temps là, si vous parliez Anglais vous étiez considéré capable de l’enseigner. Aussi je les ai embauchés,
les ai initiés à la pédagogie et je leur ai confié leurs premières classes d’élèves.

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Ma femme et moi nous avions loué une grande cabane en rondins dans le « soi » Lertsin sur Ploenchit Road pour y installer l’école. Nous y vivions aussi. Nous avions quelques chambres supplémentaires au rez-de-chaussée
aussi nous les offrîmes à Wally et à Charley. Ils avaient pas mal bougé et ils n’avaient nulle part où aller, alors ils emménagèrent.

Wally mesurait 188 centimètres et il en était complexé. Il avait quelque chose de triste. Il marchait voûté, comme s’il essayait de cacher sa taille. Et ses yeux désespérés contemplaient le monde avec un
mélange de surprise et de tristesse. Mais après avoir enseigné pendant quelques semaines il commença à s’ouvrir et à apprécier son travail et sa vie.

À peu près 3 mois plus tard ma femme et moi nous avons donné une fête pour tous nos étudiants et tous les professeurs. Elle invita de nombreuses copines, des fonctionnaires du gouvernement comme elle, et ce fut à cette occasion
que Wally rencontra Noi. Il n’était pas difficile de comprendre pourquoi il tomba amoureux fou. Elle était éblouissante, avec de longs cheveux qui encadraient un joli visage. Elle était vraiment bien roulée aussi.

Étant une jeune femme très bien élevée, elle parla gentiment avec Wally pendant la fête, et vous auriez pu voir l’éclair qui le foudroya. Ensuite, elle commença à passer des coups de fils à la maison
plus souvent que par le passé pour voir ma femme. Hum, pensai-je. Se pourrait-il que… ?

Mais en regardant tout ceci d’un œil détaché, il devint vite clair que Noi voulait juste être l’amie de Wally. De toute façon Wally n’était même pas foutu de prendre son courage à deux mains
pour l’inviter. Ça lui prit 3 mois et il trouva enfin une occasion, un soir après les cours.

À la surprise générale elle accepta. Ils fixèrent une date et un lieu, et ensuite Noi dit à Wally où la prendre elle et son amie. En ce temps là, et peut-être même encore maintenant, une Thaïlandaise respectable
n’allait pas toute seule à un premier rendez-vous, et surtout pas avec un «farang ».

Et les voilà partis. Wally passa une bonne soirée et il rentra euphorique. Il pensait que Noi était merveilleuse. Il nous dit à quel point elle était charmante et amusante. Je ne l’avais jamais vu aussi agité. Et ça
dura comme ça pendant quelques mois.

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Dans l’intervalle, Wally et Charley quittèrent notre école et s’en allèrent travailler à l’AUA. Ils prirent tout deux un appartement dans un immeuble et c’est ainsi que je les perdis un peu de vue. Mais
ils semblaient bien s’en tirer.

Les choses commencèrent à se gâter pour Wally à partir d’une autre fête que nous avions organisé un peu plus tard dans l’année. Nous avions invité tous nos amis, les professeurs et même les anciens
professeurs. Wally et Charley en furent ainsi que Noi et ses amies.

Au bout de quelques mois, Wally en était progressivement venu au point où il voulait demander Noi en mariage. Il tenta sa chance pendant la réception. Noi fut très compréhensive et apaisante, mais en final elle dit non.

Au début cela ne sembla pas avoir trop d’impact sur Wally. Il pensait juste qu’elle faisait la timide. Aussi lui redemanda-t-il quelques jours plus tard. Elle dit encore non. Il finit par comprendre qu’elle n’était
pas amoureuse de lui et qu’elle n’avait pas du tout l’intention de l’épouser. Wally était anéanti.

Un soir, pas très longtemps après cette fête, je reçu un appel où il me demanda de venir à son mariage le jour suivant. Ce fut vraiment une surprise. Noi nous avait parlé de Wally, ainsi ma femme et moi-même nous
savions qu’elle n’était pas amoureuse de lui. Aussi je demandai à Wally ce qui avait fait changer d’avis Noi.

‘Oh, je ne me marie pas avec Noi, mais avec Daeng, une fille que j’ai rencontré au bar des 3 Roses.’

À ce moment là, le bar des 3 Roses était dans le « soi » n°16 à Sukhumvit. Il était réputé pour être l’un des bars le plus glauque et le plus délabré de la ville.

Je demandai à Wally comment il avait fait la connaissance de Daeng, et il me répondit de manière désinvolte qu’il y était allé avec Charley quelques nuits auparavant, qu’ils s’y étaient assis pour
boire un coup, que Daeng était venue s’asseoir sur ses genoux et qu’elle lui avait fait très plaisir. Bon, bien, nous pouvons tous imaginer comment.

Daeng avait au moins 5 ans de plus que Wally, elle avait un gamin quelque part à la campagne, et elle prostituait depuis au moins 10 ans. Elle était une entraîneuse aguerrie et assoiffée d’or.

Bien sûr ce n’est pas comme ça que Wally me la décrivit au téléphone, et j’en appris plus sur elle qu’après le mariage. Mais sur le coup je déclinai l’offre et je conseillai à Wally de
ne pas l’épouser. Il réagissait de façon complètement absurde au refus de Noi. Mais Wally poursuivit, se maria et emmena son épouse vivre avec lui dans son appartement.

Les mois passèrent et ses amis me firent part de temps en temps de rumeurs au sujet de sa vie, mais Wally ne m’appela jamais. Ils me racontèrent des histoires que sur le moment j’eu peine à croire. Comment Daeng avait amené
Wally à travailler de longues heures pour qu’elle puisse construire et meubler une maison dans son village. Comment elle l’avait toujours à l’ œil sauf quand elle l’envoyait au travail, quelque fois
18 heures par jour. Comment elle lui prenait tout son argent dès qu’il franchissait le pas de la porte. Et tutti quanti. Pour nous les anciens et par les temps qui courent, c’est une bien triste et bien trop familière rengaine.

La fois suivante où j’entendis parler de Wally ce fut quand il téléphona pour me dire qu’il venait tout juste de devenir le père d’une fille. Je le félicitai et lui demandai comment ça allait. Il me dit
que tout allait bien et je lui souhaitai bonne chance.

Peu après Wally me rappela et me demanda de venir à son appartement pour l’aider à déverrouiller la porte de son appartement. Comme il avait emménagé dans un appartement pas très loin de chez moi, j’y allai
à pied. Il s’avéra qu’il ne s’était pas enfermé dehors comme je l’avais pensé. Daeng l’avait enfermé à l’intérieur avec un énorme cadenas. Il n’y avait
pas moyen de l’enlever, aussi j’ai appelé le propriétaire pour qu’il le coupe. Nous entrâmes dans une pièce vide où Wally se tenait là, en slip.

‘Que se passe-t-il’ ? lui demandai-je. ‘Où sont Daeng et le bébé ?’

Il s’avéra que Daeng avait obtenu tout ce qu’elle voulait de Wally, dont une maison, des meubles et une somme d’argent conséquente sur son compte en banque. Elle avait aussi une fille, mais ça ne semblait pas trop la
gêner. Elle l’avait expédiée à son village rejoindre son premier enfant peu après qu’elle soit née. Elle avait repris son travail au 3 Roses, à mi-temps, tandis que Wally était au travail.

Quand elle réalisa que Wally s’était épuisé au travail et qu’il n’allait plus servir à grand-chose, elle avait pris tout ce qu’il y avait dans l’appartement le laissant là, en sous-vêtements.
Elle embarqua tous ses vêtements à lui ainsi que tout ce qu’elle pouvait emmener et elle disparut tout simplement. Nous découvrîmes plus tard qu’elle était retournée dans son village pour y vivre des
fruits de son mariage avec Wally.

Le propriétaire décida d’appeler la police par ce que Wally lui devait 3 mois de loyer. À ce moment là Wally m’assura qu’il s’en sortirait. Alors je suis parti. L’une des choses que j’avais
déjà appris, c’était qu’il valait mieux éviter autant que possible tout contact avec la police, surtout lorsqu’on n’est pas impliqué dans l’affaire.

Il s’avéra qu’en plus de devoir des loyers, le visa de Wally était expiré depuis 3 mois et qu’il devrait payer une amende de 100 Baths par jour de retard ou aller en prison. Wally n’avait pas assez d’argent,
aussi la police lui fit payer une partie du loyer qu’il devait et ensuite ils l’emprisonnèrent.

Bon, si vous n’avez jamais vu la prison pour les étrangers à l’arrière du Bureau de l’Immigration dans le « soi » Suan Phlu, et bien vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’est sordide. C’est
une simple pièce toute en longueur sans cloisons ni même de WC. Vous devez vous accroupir sur des toilettes à la turque devant tout le monde. La pièce en elle-même est occupée par toutes sortes de personnes dont certaines
sont là depuis des années. Personne ne les a aidé à sortir par ce qu’ils sont fous, et personne ne sait quoi faire d’eux, ou par ce qu’ils ne connaissent personne susceptible de les aider. Chaque détenu
prétend à un petit espace pour y dormir sur une natte et y poser quelques biens personnels. C’est tout juste s’il y a de la place pour bouger. La chaleur, les mouches et la puanteur sont terribles.

Je n’avais pas réalisé que Wally avait été incarcéré. Ce ne fut que quand il me téléphona un mois plus tard que je le découvris. Il me demanda de venir et de l’aider à sortir.

Quand j’arrivai je fus stupéfait par la mauvaise mine de Wally. Il était maigre, il avait les yeux caverneux et manifestement il perdait la boule. Mais il fut assez lucide pour être capable de me raconter ses malheurs. Il avait besoin
de suffisamment d’argent, à peu près 30 000 Baths, pour sortir de prison et pouvoir aller au village de sa femme la persuader de revenir avec lui et le bébé à Bangkok.

En regardant Wally, il était difficile de s’imaginer comment il pourrait survivre s’il atteignait son but. Il était clair aussi que son état mental était très fragile. Je lui suggérai plutôt de payer son
amende, de lui acheter un billet d’avion et de le mettre dans un avion pour l’Australie. Il refusa, et même après lui avoir expliqué pendant une heure que ce serait la meilleure façon pour lui de se tirer d’affaire,
il n’en démordit pas, il voulait sortir pour récupérer sa femme et sa fille.

Je lui dis de réfléchir à mon offre et je le laissai là, en pensant qu’il me passerait un coup de fil un ou 2 jours plus tard pour me dire qu’il acceptait. Ça lui prit encore 4 semaines avant de changer d’avis
et alors il appela Charley. Charley parvint enfin à le convaincre de prendre un avion pour Sydney.

Quand Wally arriva au pays, il alla chez sa sœur pour qu’elle l’héberge. Elle le prit à la maison et le matin suivant elle partit travailler. Quand elle rentra chez elle cette nuit, elle trouva Wally accroupi tout nu sous
la douche et en train de regarder fixement le mur. Il ne reconnut même pas sa sœur. Alors, elle appela le toubib et Wally finit par passer un an dans un hôpital psychiatrique.

Voilà ce qu’il en coûte d’épouser une entraîneuse.

Comment va Wally aujourd’hui ? Je n’en suis pas sûr, mais j’ai entendu dire qu’il est devenu religieux et qu’il fait partie d’une église évangélique. Je ne l’ai jamais revu par ici et j’espère bien que ça n’arrivera pas. Certaines personnes ne sont pas faites pour survivre dans la jungle de Bangkok.

Titre original : Marry a bargirl ? (http://www.stickmanbangkok.comReader/reader2112.htm)

Traduit de l’anglais pas MAGD (david.giuseppe@laposte.net)

Titre original : Show them who is boss first. Traduit de l’anglais pas MAGD

Ce qu’en pense Stickman
:

Très bonne histoire et la dernière phrase est un grand classique mais pourtant si vraie !

nana plaza