Un désastre
Bon, pas tout à fait mais ça y ressemble. Mon univers est en train de s’écrouler autour de moi, chaque tentative de reprendre le contrôle de la situation n’a fait que me faire partir en vrille et je perds de l’altitude à grande vitesse. Je peux voir la surface de l’eau se précipiter vers moi et la décision de tirer sur la poignée d’éjection devra bientôt être prise, ceci avant que les forces gravitationnelles ne soient trop fortes pour m’empêcher de l’atteindre. Je me vois déjà coincé sous l’eau, là où la pression est si forte que la verrière ne s’ouvre pas, l’eau de mer froide remplis doucement le cockpit, les harnais ne se défont pas, il n’y a plus d’oxygène, les systèmes électriques brulent et des fumées intoxiquent le peu d’air qui reste. Plans de secours, systèmes redondants, heures passées dans le simulateur, je me suis entrainé des années pour que cela n’arrive pas, mais rien de tout ça ne peut m’aider aujourd’hui. Mon esprit normalement clair et lucide commence à être en pleine confusion par ce que les cellules de mon cerveau qui manquent d’oxygène se mettent en veille une à une. Ceci ne peut pas arriver me dis-je. Et ce n’est pas un rêve. Ma masseuse préférée a quitté Bangkok.
Vous pouvez vous dire que ce n’est pas un problème grave, et bien je ne suis pas d’accord. Premièrement vous allez devoir comprendre ce qu’est un massage Thaïlandais exécuté de main de maître. Un maître à la taille parfaite pour s’enrouler autour de mon corps comme seul son corps svelte et ferme le peut, un maître à la beauté qui bien que n’étant pas éblouissante est suffisante pour maintenir votre intérêt pendant des heures. Des mains puissantes mais douces, une taille mince, un assortiment de sous-vêtements qui dépassent furtivement dans le bas de son dos au dessus de sa ceinture où il y a d’ailleurs suffisamment d’espace pour voir quelques centimètres plus bas…ce qui se fait de mieux en femme Thaïlandaise bien foutue.
J’ai son numéro de téléphone en mémoire sur la touche #1, ma femme sur la touche #2. Question de priorités. Vous pouvez l’appeler au téléphone à n’importe quel moment, et elle se présentera
à votre porte d’entrée avec un beau sourire, vous saluera d’un « wai » poli et vous suivra dans la chambre que vous aurez préalablement climatisé, vous avez mis en route le ventilateur, et où l’IPOD
branché aux enceintes diffuse une musique d’ambiance relaxante. Avant son arrivée vous vous serez douché puis habillé d’une chemise sport sans manche et d’un ample short en nylon. Comme vous vous installez
au milieu du grand lit et que vous vous allongez, elle vous salue d’un « wai », dit une petite prière, ouvre ses yeux, vous affuble d’un magnifique sourire, et alors commence le massage.
Il y a de nombreux types de massage, certains peuvent se révéler une expérience agréable alors que d’autres vous donnent tellement d’appréhension que la séance en est gâchée. Il y a les vieux boudins
qui s’éclatent en pliant en deux votre colonne vertébrale et qui peuvent vous surprendre à la fin en vous empoignant les couilles tout en vous demandant si vous voulez un « service spécial ». J’en ai
des sueurs les mauvaises nuits rien qu’en y pensant. Vous avez aussi les filles de bar retirées, elles ont un peu dépassé la limite d’âge et sont un peu trop grosses, qui, pensant toujours être séduisantes,
vous cherchent et vous allument pendant la séance pour finalement vous proposez ou non un « service spécial » ; mais la peur et l’attente de la main qui va se saisir de vos burnes peut éventuellement en exciter
certains, mais moi ça me la coupe. Ensuite vous avez les massages bien comme il faut, où la dame ne s’approche physiquement de vous que si vous faites tout pour, où elle préfère se pencher dans une position inconfortable
plutôt que de vous touchez, et bien ceux-ci sont OK, le travail est fait et pas de soucis quant aux surprises.
Finalement, le type rare ; elle vous apprécie réellement et aime être avec vous, proche de vous, elle limite le bavardage aux nouvelles de la semaine et devient silencieuse vous laissant ainsi vous relaxez totalement ; elle aime enrouler
son corps parfait autour de vos jambes, contre votre aine, se pencher sur vous pour que vous puissiez voir dans son chemisier juste un petit peu de rose, et au fond elle aime vous travaillez au corps suffisamment pour que ce soit OK si vous entrevoyez
ses seins, ou n’importe quoi d’autre, ou s’ils vous frottent pendant un moment… elle ne gâchera jamais l’expérience en empoignant votre entrejambe ou en vous proposant quelque chose, mais elle massera
vos fesses et d’autres endroits de manière agréable sans jamais franchir la ligne. Bien sur vous la désirez mais vous savez tous les deux que ça basculerait dans le trivial et vous la perdriez. Et pourtant vous savez
que si vous le vouliez elle le voudrait elle aussi et c’est en quelque sorte suffisant. Il est suffisant qu’elle connaisse personnellement chacun de vos muscles, chaque difformité, chaque crevasse de votre corps et qu’elle
aime sincèrement passer du temps avec vous. Il est suffisant d’apprécier la personne et le rêve tout en gardant les deux séparés. Elle était un joyau. Le type de perle parfaite que vous trouvez qu’après
avoir ouvert mille huîtres. Le type qui se présentera à quatre heures du matin après que vous ayez passé trente cinq heures dans les sièges merdiques des compagnies aériennes et qui, après que vous vous
soyez endormi, va vider votre valise et en trier le contenu. Le type qui, si vous vous êtes endormi, s’en ira et fermera à clé sans fouiller dans vos affaires par ce qu’elle sait qu’elle sera payée à
la visite suivante. C’est comme s’installer dans le cockpit d’un F-14E qui serait parfaitement à votre taille, tous les instruments étant parfaitement à portée de main, les contrôles bien ajustés,
et le commandant de bord a parfaitement nettoyé non seulement la verrière mais aussi le viseur. Ça ne peut pas être mieux.
Maintenant vous commencez à comprendre le sentiment de dévastation qui me gagne. Imaginez que l’ouragan Katrina ait traversé votre monde en emportant tout ce qui était important à vos yeux, et comme si cela ne suffisait
pas, vous vous tenez sur la pointe des pieds par ce que des remous d’eau tiède, mélange d’eaux d’égouts non traitées et de bactéries, sont montées jusqu’au niveau de votre lèvre inférieure.
Comme si le Père Noël avait laissé un morceau de charbon dans votre chaussette quand vous aviez cinq ans.
Mais ne vous inquiétez pas, je me suis relevé de bien pire, je me suis dépoussiéré et j’ai repris le jeu. Aussi ai-je parcouru les «soi» et pointé mon nez dans différents centres de massage à la
recherche de cette alchimie ou de cette petite étincelle, prêt à offrir au propriétaire de l’établissement une consigne permanente pour service à la maison. Sans succès. En fait, si vous payez un massage
de deux heures au tarif «Thaï» alors il faut que la dame travaille ou vive à portée de pas de votre lieu de résidence. Je pourrais m’adresser à n’importe quel grand centre et payer 2500 THB pour
un service à domicile, mais alors ce n’est pas vraiment un massage que vous obtenez et ma femme ne serait pas contente. Toujours est-il qu’il y a quelques niveaux plus bas, à l’étage des services, une prestation
de massage, aussi ai-je pris sa carte, l’ai-je informée du type de personne que je recherche, et elle m’a promis qu’elle a une telle fille.
La fille n°1 frappe à la porte. Elle fait bien 70 kg et n’a pas bien vieillie du tout. Pourtant elle croit toujours être mignonne et par ce qu’il s’agit de massage vous ne la renvoyez pas à cause de son aspect.
Après tout elle a peut-être des mains magiques. Immédiatement vous remarquez qu’elle essaie d’imiter le style mais elle ne peut pas se placer aux mêmes endroits et elle réussi seulement à m’ennuyer
en n’arrêtant pas de frotter le dos de sa main contre mes burnes et en essayant ainsi d’obtenir de moi un pourboire. Au lieu de vous divertir vous souhaitez seulement qu’elle en finisse, vous lui donnez un petit pourboire,
la renvoyez et priez que la prochaine fois ce soit mieux. Une semaine passe avant que vous vous sentiez le courage de faire un autre essai et vous appelez la propriétaire du centre de massage pour lui demander une autre fille.
La fille n°2 frappe à la porte et j’aurais juré qu’elle a quelque chose du «linebacker(1)» professionnel. Cette fille est imposante et a probablement violé les Droits des Prisonniers de Guerre dans ses rêves ou dans une autre vie. Elle monte sur le lit qui proteste en grinçant et la première grosse pince qui empoigne votre pied vous semble être un étau humain qui vous presse si fort que le sang arrête de circuler dans vos orteils. Quand elle en a fini avec vous, elle a réaligné votre colonne vertébrale et d’autres membres, qui ressemblent maintenant à un bretzel, et vous pouvez difficilement vous sortir du lit pour articuler un remerciement et la payer. Cette fois deux semaines s’écoulent avant de téléphoner à la propriétaire pour lui demander une autre fille.
La fille n°3 frappe à la porte et me rappelle ma belle-mère avec le sublime parfum de ma grand-mère. L’odeur est si forte qu’elle flotte dans la chambre des heures après qu’elle soit partie, malgré l’ouverture
des fenêtres et le ventilateur qui tourne à plein régime. Elle n’a pas assez de force dans ses mains et dans ses bras pour soulever votre pied et encore moins pour vous massez correctement, et après vingt minutes elle
s’endort et ronfle ! Je me lève, regarde la télé et au bout de trois heures son téléphone cellulaire sonne ; elle se réveille et doit expliquer à sa patronne où elle a été faire un massage
de deux heures. Ayant pitié d’elle, je la paie et la renvoie. Un mois passe et je décide de retenter ma chance.
La fille n°4 est une fille de bar à la retraite avec trois incisives manquantes et au moins 45 kg de trop. Elle parle suffisamment bien l’Anglais pour vous baratiner durant tout le massage, qui bien qu’étant correct n’a
rien d’exceptionnel, au point de ne pas pouvoir fermer les yeux, de ne pas pouvoir écouter la musique et ainsi d’atteindre cet état de Nirvana. Elle est honnête au sujet de son passé professionnel et vous offre
de le prouver en vous faisant la démonstration d’une pipe parfaite pour un pourboire de 500 THB. Désolé, mais les dents manquantes ce n’est déjà pas terrible, et même si je fermais les yeux je pourrais
sentir son poids, sa taille, ce que je ne pourrais pas gérer. Enfin je veux dire… ma femme m’a manqué en quatre mois qu’elle est aux USA, et ce n’est pas que la pression ne commence pas à monter, mais
franchement, je pense que je pourrais continuer ainsi jusqu’à la fin de mes jours sans cette dame.
Maintenant vous vous demandez bien où j’ai trouvé la fille d’avant. Comment ai je pu être aussi chanceux ? Facile. J’ai demandé à ma femme de trouver quelqu’un susceptible de me plaire et, sachant qui
et ce que je suis, elle est sortie et a trouvé rapidement la masseuse parfaite. Si ça ce n’est pas de l’amour ! J’en essaierais peut-être quelques autres dans les mois qui restent avant le retour de ma femme,
mais il faudra vraiment que j’en ai un grand besoin. Je suis passé d’une moyenne de six massages par mois à l’abstinence complète (pas que de massage) pendant cinq à six semaines avant de me relancer. Qu’est
ce qu’un homme est supposé enduré ? Bon Dieu, si j’avais su que celle qui me plaisait tant allait partir, je lui aurais fait une offre de contrat d’embauche, après tout j’ai encore une chambre de libre
en plus de celle que ma gouvernante occupe déjà.
Pour clore ce chapitre je vais vous laisser cogiter cette pensée. Aussi bonne que soit ma masseuse, ma gouvernante est dans son genre encore meilleure. Plus jeune, plus jolie, plus douée, de meilleure compagnie, une personne avec qui on s’amuse
bien à la maison. Elle est le genre de femme Thaïlandaise que vous cherchez sans jamais trouver. Diplômée (sans blagues), mignonne comme tout, petite et bien roulée, elle parle un bon Anglais, sait vraiment tenir une maison,
n’a jamais été impliqué dans les aspects les plus minables de la vie, et est fondamentalement honnête. Ah oui, et pas de famille à entretenir ou à se soucier. La femme Thaïlandaise parfaite. Si ce n’était
pas de nature à l’insulter, je la mettrais aux enchères sur EBAY et je ferais fortune ! La dernière Thaïlandaise de cette qualité que j’ai connue à une vie formidable d’épouse dans un pays
Européen et son mari est un homme de son âge qui a réussi. Il y a vraiment des trésors là autour de vous si vous prenez le temps de chercher, mais vous ne risquez surement pas de le trouver dans un bar ou n’importe
quel lieu de divertissement. Si j’en connaissais dix de plus comme elle j’ouvrirais un club de rencontre et je vous ferais payer 10 000 USD, et vous feriez une affaire rien qu’en économie d’histoires de buffles
malades. Elle ne pourrait pas partir avec n’importe qui, mais avec quelqu’un de son âge, j’enquêterais sur votre solvabilité, vérifierais vos origines, et je vous garantirais que si vous heurtiez ses sentiments
alors mes six gros lourdauds de dégénérés de cousins vous rendraient une visite inopinée avec les outils nécessaires pour réduire les Montagnes Rocheuses à la taille d’une huître . Sérieusement,
je doute qu’il y en ait un parmi vous qui la mérite. Cependant il y a toujours des exceptions et si je la trouve…
En attendant, à la prochaine fois…
Titre original : Disaster strikes. Traduit de l’anglais pas MAGD
Ce qu’en pense Stickman
:
Je suis d’accord avec votre résumé des types de masseuses que l’on trouve. Personnellement je suis d’avis que l’on trouve les meilleurs massages en province plutôt que dans les zones touristiques de Bangkok.
(1)Linebacker : joueur de football Américain place en première ligne de défense